Mohamed Ben Smaïl prend la présidence de l’Espérance Sportive de Tunis en 1963, succédant à Chedly Zouiten après son décès tragique. Il dirige le club durant une période cruciale de consolidation et de développement. Sous sa présidence, l’Espérance confirme sa position dominante dans le football tunisien, tout en développant ses autres sections sportives. Il veille à assurer la stabilité du club et prépare les bases des succès futurs.

Avant de devenir président, Mohamed Ben Smaïl était vice-président sous Chedly Zouiten, ce qui lui a permis de s’imprégner de la philosophie et de l’esprit du club.

Mohamed Ben Smaïl esperance

Palmarès sous la présidence de Mohamed Ben Smaïl

  • Coupe de Tunisie de football : 1964
  • Championnat de Tunisie de handball : 1967
  • Championnat de Tunisie de volley-ball : 5 titres consécutifs (1964-1968)
  • Coupe de Tunisie de volley-ball : 4 titres consécutifs (1964-1967)

Ces titres illustrent la force et la polyvalence de l’Espérance en tant que club omnisports sous sa direction.

Une vie bien remplie entre sport, culture et médias

Mohamed Ben Smaïl s’est éteint à l’âge de 92 ans, laissant derrière lui un riche héritage. Son enterrement a eu lieu le 7 juillet au cimetière du Jellaz à Tunis.

De retour à Tunis en 1954, diplômé en Droit, il rejoint Béchir Ben Yahmed pour fonder l’hebdomadaire L’Action, ancêtre de Jeune Afrique. Il fait partie d’une équipe de jeunes journalistes, intellectuels et militants progressistes qui ont fortement marqué la scène politique et culturelle tunisienne et maghrébine à l’époque, apportant un soutien médiatique crucial à la Révolution algérienne.

Ne pouvant suivre Ben Yahmed lors de son exil à Rome puis Paris, il trace sa propre voie entre fonctions officielles et engagements professionnels. Il fait ses débuts dans le Commissariat au Tourisme, puis est appelé à moderniser la Radio-Télévision tunisienne en tant que PDG, insufflant un vent de démocratie dans cette institution sclérosée. Plus tard, il préside également le Conseil supérieur de la Communication sous la Présidence de la République.

Fondateur des éditions Cérès et homme d’affaires visionnair

En 1964, il fonde Cérès Editions, la première maison d’édition tunisienne, devenue une référence incontournable dans le domaine. Avec des moyens modestes, Mohamed Ben Smaïl fait de Cérès une véritable institution, publiant des auteurs souvent méconnus ou en marge des cercles officiels, prenant des risques éditoriaux importants.

Il crée également l’imprimerie Les Imprimeries Réunies et fonde une des premières agences de communication, Cérès, ancêtre de l’actuelle agence Ogilvy en Tunisie. Par ailleurs, il développe un hôtel au centre-ville de Tunis, Le Carlton, acquis par son père, en en faisant un établissement de renom.

Une vie marquée par l’engagement patriotique et intellectuel

Issu d’une famille jerbienne tournée vers le commerce, Mohamed Ben Smaïl a su conjuguer patriotisme, indépendance intellectuelle et réussite entrepreneuriale, malgré des secteurs sans rente assurée.

Sa plume élégante, son esprit d’éditeur, son rôle de communicateur émérite et sa passion pour le sport font de lui une figure illustre de la Tunisie post-indépendance, qui a contribué à forger le cap démocratique du pays.

Ses fils, Karim et Rachid, poursuivent aujourd’hui son œuvre, en l’adaptant aux exigences et réalités contemporaines.

Autres contributions sportives

Mohamed Ben Smaïl est aussi à l’origine du Tunis Open, grand tournoi de tennis fondé en 1982, qu’il a dirigé pendant cinq années, témoignant de son attachement au sport sous toutes ses formes.